Madani Tall : « Pourquoi ai-je aimé et suivi ATT jusqu’au bout ? C’est très simple…»

Madani Tall : « Pourquoi ai-je aimé et suivi ATT jusqu’au bout ? C’est très simple…»

Pourquoi ai-je aimé et suivi ATT jusqu’au bout ? C’est très simple : Il est celui qui a rendu sa dignité aux maliens de ma génération. Les jeunes d’aujourd’hui ignorent qu’après la période où les maliens étaient considérés comme les intellectuels, les guerriers descendants du grand empire, les commerçants internationaux de l’Afrique, nous étions devenus dans les années 80 la risée des autres africains.

Les étudiants maliens étaient méprisés, les travailleurs maliens souvent éboueurs, considérés comme béni-oui-oui et lorsque je disais être malien à quelqu’un, celui-ci pensait que je plaisantais pour m’amuser des maliens. Les autres étudiants africains allaient dans tous les pays de leurs condisciples sauf au Mali qu’ils voyaient comme une grande brousse poussiéreuse à la chaleur insupportable.

En prenant le pouvoir en 1990 et en le rendant aux civils, ATT a changé l’image du Mali. Maintenant tout le monde nous citait en exemple. Les autres étudiants du Cameroun à l’Algérie affirmaient que nous au moins avions des dirigeants dignes. ATT aurait pu forcer le destin et tenter de rester, comme les courtisans encouragent toujours à le faire. Mais il a eu la sagesse de connaitre ses limites. La sagesse de comprendre que non seulement lui, mais le Mali entier sortirait grandi de cette décision.

C’est en partie pour payer cette dette envers lui que je l’ai suivi. Il m’avait permis en tant que malien de circuler avec fierté partout dans le monde. Et cela n’avait pas de prix.

Aussi, lorsqu’après avoir été son conseiller économique pendant dix ans, il y eu le coup d’État du 21 mars 2012, je me devais d’être à ses côtés. Ainsi, j’étais tranquillement chez moi avec Diakaridia Yossi, qui reçoit un appel et me dit qu’un coup d’État est en cours. J’appelle un collègue qui m’annonce qu’ATT a demandé à tous les employés d’évacuer le Palais. Je demande à Yossi s’il est suffisamment courageux pour me suivre à Koulouba. Il me répond « mais évidemment Prési ».

Lorsque j’arrive dans le bureau du Président, il est très ému en me voyant : « Mais Madani,, qu’est-ce que tu viens faire ici, c’est dangereux, il faut repartir ». Je lui réponds « Ma mère m’a dit lorsque je quittais Washington pour venir à vos côtés de ne jamais hésiter à vous dire la vérité, quitte  à vous fâcher, mais de vous être toujours loyal en tant que digne fils du Mali. Ce jour est arrivé, c’est ici qu’est ma place Monsieur le Président ».  Le reste est une autre histoire. Dieu veille.

 

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