Appel au Sursaut National : « Le Mali se meurt dans l’indifférence totale et dans un silence complice et assourdissant de l’écosystème national et mondial ! »
Entre essoufflement et incapacité, l’attitude loufoque des autorités de la transition du Mali annihile les espoirs d’un peuple intrépide et déterminé. Jamais dans l’histoire contemporaine du Mali, les dirigeants n’ont été autant adoubés, protégés, et crédités d’un blanc-seing, comme si le coup d’état militaire du 18 Août 2020 était l’acte 1 de l’avènement d’un Mali décomplexé, débarrassé de ses pesanteurs sociales, culturelles, politiques et économiques, un Mali où se côtoieraient justice sociale, et mieux être individuels et collectifs, ainsi qu’ un Mali sécurisé…
Bien que proscrit, ce coup d’état a suscité plein d’espoirs et, sans exclusive, le peuple a cru à un changement de paradigme devant redonner au Mali sa grandeur d’antan. Les gueux demanderaient de se contenter de la puissance militaire que le Mali est devenu; les besogneux demanderaient de se satisfaire du retour de Kidal dans les jurons de la République, les flagorneurs demanderaient de se consoler d’une prétendue « souveraineté retrouvée ».
Hélas, à l’heure du bilan, il est malheureux de constater l’état de dépravation, de décrépitude et de désintégration, que la transition a été amenée de conduire le tissu social, l’architecture politique et le modèle économique du Mali. Pire, les doctrines propagandistes, parfois à la méthode Komintern, et bien souvent va-t-en-guerre, ont fini par isoler les autorités de la transition et in fine par provoquer, chez elles, le syndrome d’exogyrisme et de claudication empêchant tout progrès.
Ce 27 mars 2024 marque le début d’une nouvelle exception malienne, celle d’un imbroglio politique et d’un vide juridique sans précédent, car le delai préalablement fixé est forclos depuis la date symbole du 26 mars 2024. Pour compter de ce jour, aucune disposition, ni constitutionnelle, ni législative, ni règlementaire, ne régit la vie publique en République du Mali en références à l’article 22 de la loi n°2022-001 du 25 février 2022 révisant la charte de la transition, et le décret subséquent n°2022-003/PT-RM du 06 Juin 2022 fixant la fin de la transition.
Que se passe-t-il au sommet de l’État ? Pourquoi vouloir, à dessein, entraîner le pays dans cette situation inédite, de lendemain incertain ? Le Mali ne mérite pas ce à quoi il est soumis. Le mutisme déconcertant des autorités, assimilable à une fuite en avant, ne saura être un mode de gouvernance. En tout état de causes, les institutions judiciaires compétentes qui ont le pouvoir d’interpréter la loi et d’en assurer l’application doivent sortir de leur léthargie, et siffler la fin de la récréation. Un énième report ne résoudra rien, bien au contraire, il plongera et aggravera la situation déjà tendue, précaire, et désespérante.
En presque 4 années de transition, tous les textes juridiques ont été violés par les autorités de la transition, de la loi fondamentale à la constitution de 1992, de la charte de la transition à la constitution de 2023. Il est temps pour les sages de la cour constitutionnelle du Mali de se hisser à la hauteur des enjeux et des défis existentiels auxquels le Mali est confronté. Il est temps pour eux, de donner davantage de sens à la toge et à l’épitoge qui les caractérisent pour siffler la fin de la récréation. Ils doivent cela au peuple du Mali, qui a tant soif de justice, et qui réclame sans cesse le progrès social.
Les sages devraient intimer l’ordre au Président de la transition d’exécuter la feuille de route ci-après : la prise immédiate d’un décret fixant la fin de la transition à l’échéance du 31 Décembre 2024 ; la prise immédiate d’un décret fixant la tenue des élections présidentielles pour prise de fonction d’un Président élu à l’échéance du 31 Décembre 2024 ; l’organisation urgente sur 2 jours et dans un délai d’un mois, d’un dialogue franc avec la classe politique pour la fixation du chronogramme des élections générales (communales, régionales, législatives…) qui seront organisées à la suite des élections présidentielles ; la prise d’un décret post dialogue politique fixant le chronogramme définitif des élections générales ; la prise de décret post dialogue fixant la fin du CNT au profit de l’Assemblée nationale élue.
Pour un regain rapide de confiance, un aboutissement efficient et l’alignement de la trajectoire vers le progrès et le développement les mesures ci-après doivent être observées: le Président de la transition doit s’employer activement à la recherche de financements pour l’organisation d’élections générales et pluralistes. Tous les leviers de financement, sans exclusive, doivent être activés à cet effet ; l’ensemble de la classe politique et de la société civile doit s’obliger à une trêve et accompagner les autorités à l’aboutissement rapide et intelligent de la transition ; les ressorts sociétaux, culturels et cultuels, doivent jouer un rôle de veille et d’apaisement du climat socio-politique. Tous les détenus politiques, et dont la culpabilité n’est pas encore établie, doivent être libérés sans attendre ; les comportements liberticides, tous azimuts, doivent céder au libre accès aux médias d’État et au respect des libertés individuelles et collectives.
Ceci est une contribution pour le servir le débat, et atteindre le destinataire in fine pour faire valoir ce que droit. Que Dieu bénisse le Mali et préserve les maliens !
Dionké Fofana, Expert/Analyste en Sciences Politiques, Sociales, Économiques