Menace de la démocratie sous la transition : Vers la suppression de la HAC ?
Le gouvernement de la transition a décidé, le mercredi 10 avril 2024, lors du conseil des ministres, de suspendre les activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Dans la foulée, la Haute autorité de la communication (HAC) a fait un communiqué pour demander aux médias (radio, presse écrite, télé, presse en ligne) d’arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations.
Cette décision de la Haute autorité de la communication (HAC) est considérée comme antidémocratique. Car, les autorités de la transition qui ne font que violer les textes de la république en se maintenant au pouvoir depuis 04 ans, sont aujourd’hui, en train de museler toutes les voix opposantes. Effectivement, la transition était prévue pour 18 mois avec objectif de sécuriser le territoire et organiser les élections pour les futurs dirigeants. Malgré qu’elles n’ont pas pu sécuriser le territoire car jusqu’aujourd’hui plusieurs villages sont sous embargo des terroristes, le délai de la fin de la transition devait finir le 26 mars 2024 dernier. Face à l’incapacité d’organiser les élections, les autorités de la transition sous l’égide du Colonel Assimi Goita ne font que dissoudre les associations et partis. Pour en finir, voire pour instaurer la dictature, le gouvernement de la transition vient de suspendre les activités politiques. Et si on continue dans cet élan, on se demande si la HAC ne sera pas supprimée dans les jours à venir. Car, elle existe parce qu’on est en démocratie et au cas contraire, elle devrait être supprimée.
Rejet pur et simple de la décision de la HAC
Cependant, la HAC qui existe grâce à la démocratie, veut que les médias la suivent dans la violation de la liberté des droits fondamentaux du peuple qui a droit à l’information. En effet, suite à sa décision unilatérale et antidémocratique, le Président de la Maison de la presse a réuni les journalistes pour en discuter. Selon le président Bandiougou Danté, la Maison de la Presse a été surprise d’apprendre sur les réseaux sociaux, un communiqué de la Haute Autorité de la Communication, invitant les médias (radios, télévisions, journaux écrits et en ligne) « à arrêter toute diffusion et publication des actualités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations ». « Après concertation des organisations faîtières, réunies ce jour Jeudi 11 avril 2024 à son siège, la Maison de la Presse rejette purement et simplement ce texte sans fondement juridique de la HAC », déclare le président Danté. Ainsi, il ajoute que la Maison de la Presse appelle l’ensemble de la presse malienne à ne pas se soumettre aux injonctions de la HAC et invite les médias à rester debout, unis et mobilisés pour la défense du droit du citoyen à l’information. D’indiquer que la Maison de la Presse se réserve le droit de mener toute action pour le respect de la liberté de la Presse au Mali.
Par ailleurs, dans sa réaction le président du Comité des experts de la Maison de la presse, Mamadou Dabo dit ceci : « Ce n’est pas à la HAC de nous dicter la conduite rédactionnelle à tenir. Aucune loi ne l’autorise cela, ni aucun principe déontologique. Ce n’est pas parce que le gouvernement a interdit les activités des partis [et associations] politiques que la presse ne leur donne pas la parole. Au-delà de l’interdiction, le coup d’État est un crime imprescriptible mais les journalistes donnent la parole aux putschistes. Nous demandons à la HAC un peu de respect pour la presse et la liberté d’expression. »
La HAC s’égare de sa mission
Selon un confrère, du point de vue juridique, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a pour mission de « garantir et de protéger la liberté de la presse et des moyens de communication de masse ». Sa décision relative à l’arrêt de la publication et de la diffusion des activités politiques et des activités à caractère politique dans les médias est, à cet égard, une entrave à l’ordonnance qui acte sa création et fixe ses missions. De plus, la loi du 7 juillet 2000 portant Régime de presse et délit de presse ne prévoit nulle part la possibilité d’interdire aux médias de diffuser ou publier les activités d’un parti politique dissous ou suspendu. La mesure porte atteinte aux droits de la presse et d’accès à l’information au Mali, reconnus par la Constitution du 22 juillet 2023. Elle est ainsi contraire non seulement à la Constitution mais aussi à la loi régissant la presse au Mali.
M.L. KONE
LE FONDEMENT