AES: Un instrument pour consolider les pouvoirs des militaires
Les trois pays dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont dirigés par les militaires putschistes. Il s’agit respectivement du Colonel Assimi Goita, du Capitaine Ibrahim Traoré et du Général Abdourahmane Tchiani. Ces militaires ont décidé l’année dernière de quitter la CEDEAO afin d’éviter les sanctions et les pressions de cette organisation régionale économique. De ce fait, ils ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES). Le premier sommet de cette confédération a eu lieu, le 06 juillet 2024 à Niamey (Niger). Certains s’interrogent sur la différence entre la CEDEAO considérée comme le club des amis des chefs d’États et l’AES, le club des militaires putschistes
En effet, ces Chefs d’États argumentent que leur retrait de la CEDEAO émane de la volonté de leurs peuples, alors ces arguments ne font pas l’unanimité chez les peuples de ces différents pays. Pour certains, la création de l’AES par ces militaires est la volonté patriotique pour sortir ces pays de l’ornière et pour d’autres ces militaires veulent seulement s’éterniser au pouvoir à travers leurs actes qualifiés de ‘’crime imprescriptible dans leurs constitutions’’. Certes, ces pays sont confrontés au terrorisme depuis une décennie mais force est de reconnaître que malgré la prise du pouvoir par les armes, ces militaires n’arrivent pas à mettre fin aux actes des terroristes. Alors, la création de l’AES sera bénéfique si les efforts sont conjugués pour faire face aux terroristes. Mais faire quitter les pays de la CEDEAO fait couler beaucoup d’encre, car il y a des millions de populations de ces pays qui vivent paisiblement dans les différents pays de l’organisation sous-régionale grâce à la CEDEAO. Cependant, il y aura beaucoup de conséquences en terme économique et en terme de la libre circulation des populations dans l’espace de la CEDEAO en quittant la CEDEAO.
Trois militaires putschistes, différentes histoires
Rappelons que ces militaires n’ont pas la même histoire lorsqu’ils accédaient au pouvoir. Tout d’abord, le Mali était confronté aux rebellions, ensuite au terrorisme depuis plus de deux décennies. D’ailleurs, c’est le Burkina Faso sous l’égide de Blaise Compaoré qui servait de bases arrières aux rebelles maliens après leurs actes odieux. En 2012, le Mali a connu un coup d’État contre feu ATT à trois de la fin de son deuxième mandat. Après une année de transition, feu IBK fut élu et réélu en 2018. Malgré ses efforts et la présence des forces étrangères, le Mali subissait les actes terroristes qui décimaient les populations civiles et militaires. S’ajoutant à d’autres crises telle que économique et politique, il y a eu des mouvements pour demander la démission du pouvoir. Malheureusement, les militaires sont venus le destituer à travers un coup d’État le 15 août 2020. Si au départ beaucoup avait confiance aux militaires à travers leur première déclaration en promettant de poser le jalon de la refondation du pays en 18 mois, pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel, il faut reconnaitre que les choses ne se sont pas passées comme prévue. Tout simplement, ces promesses n’ont pas été tenues. Et aujourd’hui, ils perdent le soutien même si le peuple est silencieux par peur de prison. En tout cas, pour certains Assimi Goita est en train d’emboiter le pas à feu Moussa Traoré qui a fait un règne dictatorial de 23 ans qui malgré tout il est tombé. Alors, on peut dire que le cas de Assimi Goita et les autres ne sont pas pareil. Quant au Capitaine Ibrahim, il a destitué le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le 30 septembre 2023 venu aussi à travers un coup d’État en janvier de la même année, contre Roch Marc Christian Kaboré, seul président élu démocratiquement au Burkina. Ce Capitaine avait promis de finir avec les terroristes en cinq mois et il est à deux ans et la situation stagne. En tout cas, lui est sur un fauteuil très éjectable. Pour sa part, le Général Abdourahmane Tchiani, a fait le coup d’État contre Mohamed Bazoum, élu démocratiquement le 21 février 2021. Pourtant il était, durant des décennies le chef de la garde présidentielle. Ayant appris qu’il sera remplacé alors il a arrêté le président Bazoum pour se maintenir au pouvoir. Jusqu’à présent ce dernier est entre leurs mains mais il n’a pas voulu signer sa démission.
AES, vivra longtemps
La question qui se pose par beaucoup de personnes est de savoir si l’AES aura une longue durée de vie. Vu que ceux qui l’ont créé ne savent pas eux-mêmes s’ils seront toujours les chefs d’États dans leurs différents pays. « Certes, ces pays sont tous confrontés à des difficultés alors le coup d’État militaire n’est pas une solution pour les atténuer voire éradiquer. Il serait mieux que chaque peuple joue son rôle. Donc les militaires doivent jouer leur rôle régalien et non faire des coups d’État pour leur confort et rester au bureau climatiser. Disons que les peuples de trois pays souffrent à travers les crises économiques et énergétiques. Ils sont prises en otage par ces militaires putschistes et leurs acolytes », affirme Alassane Doumbia, économiste. Par ailleurs, il faut souligner que ces trois pays doivent conjuguer leurs efforts pour lutter contre les ennemis de la paix dans le sahel. Et ces pays ont besoin urgemment du retour à l’ordre constitutionnel non seulement en continuant la lutte contre les terroristes mais aussi en montant au créneau pour leurs émergences.
Seydou K. KONE (LE FLAMBEAU)