Affaire de carte biométrique : Le ministre Daoud en déphasage avec la réalité du terrain
Sur la réclamation de la CEDEAO, la carte biométrique est exigée à tous les pays membres. Elle a pour but de donner une carte sécurisé aux populations des pays respectifs. C’est dans cette optique que le gouvernement a décidé de fusionner ladite carte à la carte NINA (Numéro d’identification national). Pour le faire, il est demandé aux maliens de faire la mise à jour des données NINA et procédé à la prise d’une nouvelle photo.
En effet, les commissariats et certaines mairies ont été choisies pour exécuter cette tâche. Malheureusement, certains agents veulent vaille que vaille profiter de cette opération pour s’enrichir au dos du peuple. D’où le calvaire du citoyen lambda. Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le Général de Brigade Daoud Aly MOHAMMEDINE doit se rendre sur le terrain au lieu de faire des communiqués insignifiants. En effet, on peut lire dans le communiqué de son département signé par son Secrétaire Général, Oumar SOGOBA, le 14 février 2023 que son département a procédé au lancement de l’opération de mise à jour des données NINA. « A ce jour, il a été constaté un faible niveau de mobilisation de nos compatriotes, malgré la grande campagne de communication faite autour du sujet ». Ainsi, selon ledit communiqué, le ministre rappelle que l’opération se poursuivra jusqu’au 31 mars 2023, et que passé ce délai, au regard des contraintes liées au respect du chronogramme de production et de remise de la Carte Nationale d’ Identité Biométrique Sécurisée, il sera procédé, systématiquement, à l’impression de ladite carte à partir des données déjà existantes du RAVEC. « La première mise de cette Carte Nationale d’Identité Biométrique Sécurisée étant gratuite pour tous, le Ministre en appelle à une mobilisation générale avant la date butoir du 31 mars 2023, car tout renouvellement de la Carte sera payant », précise-t-il.
Les réactions des maliens
Le jeune Alassane Diarra dira qu’on n’est pas dans un pays sérieux. « Lorsque le ministre a dit qu’on peut faire les rectifications sur nos données de NINA et se rendre dans un commissariat pour faire la photo, je suis parti au 6e arrondissement où un policier m’a dit d’aller voir le ministre pour prendre ma photo. J’ai fait plusieurs aller-retour, en réalité nos administrations sont plein en majorité d’agents arrogants et cupides qui n’ont pas l’amour de leur travail. Ils ne pensent qu’à l’argent. Ce n’est pas tout le monde mais la majorité », ajoute-t-il.
Ibrahim Touré nous avoue ceci : « Il est de notoriété publique qu’au Mali, le citoyen reste passif face à des abus et manquements dans l’administration publique, il est inadmissible qu’en 2023, l’on se lève à 4h du matin pour juste avoir une carte d’identité…pire en d’autres lieux il faut s’inscrire sur la liste la nuit pour être parmi ceux qui viennent à 4 heures du Matin… Si hier nous avons subi ces travers dans l’obtention de la carte d’identité nationale, aujourd’hui, il est inadmissible que nous révivions les mêmes chose en 2023 à l’ère des NTICs ou ce type d’opération ne nécessite pas plus de 20 minutes. Mais non l’habitude devient une seconde nature, il faut galérer à 4h du matin, perdre toute une journée de travail pour uniquement une carte d’identité ». Il faut entasser les gens, les manquer de respect, les faire traîner pour que dans un désespoir, ils tombent dans le piège de la petite corruption créée. C’est à dire donner un billet pour être dans la queue ou tout simplement pour être exempter de faire la queue avec le qualificatif demandeur VIP ( en d’autre terme, celui qui a payé de l’argent ). Cela se passe au su et vu de tous car devenu la règle au Mali.
Les commissariats se fixent un quota de 20 personnes
En outre, Fass Doumbia témoigne que dans certains commissariats de police de Bamako le quota est de 20 personnes par jour alors qu’il peut avoir 200 personnes présentes. « Personnellement, je n’irai nulle part me torturer pour ce qui me revient. Ce qui m’est arrivé à cause de la carte d’identité nationale au 4è arrondissement de Bamako, je préfère dormir que de me fatiguer pour rien. Même si cela inclus que je ne voterai pas, je m’en fous royalement », déclare Abel Goita. Pour sa part, Albert Diabaté souligne « Je suis allé aujourd’hui à 10h pour la mise à jour, ils me disent que c’est fini pour aujourd’hui et qu’il faudrait venir vers 5 h ou 6 h du matin », renchérit-il. Siaka Coulibaly fait savoir qu’à la gendarmerie du Tombo de Kati, le travail commence à 11h et ils leur disent qu’il ne font pas la correction, et au commissariat de police (1er arrondissement de Kati) le travail commence à 12h, c’est seulement la gendarmerie de Côcô et le commissariat de Hèrèmakônô qui travaillent correctement.
En outre, Kaledou Traoré dit qu’il était étonné par la teneur de ce communiqué comparativement à la réalité sur le terrain. Selon lui, s’il faut que les travailleurs se lèvent à 4 h du matin pour aller gâcher toute une journée pour ça, vraiment c’est décourageant. Issouf Sidibé indique que « Partout ces agents des commissariats se foutent de nous. Tu viens à 13h on te dit direct il faut revenir demain, alors que le travail doit commencer à 8h pour terminer à 16h, c’est le contraire que nous voyons, on dirait qu’ils ne sont pas payé pour ça ».
Le service dans nos administrations publiques est un parcours du combattant
Par ailleurs, on peut affirmer que avoir besoin d’un service dans nos administrations publiques est un parcours du combattant. Ces administrations sont pleines de fonctionnaires ou de contractuels qui ne travaillent presque pas et qui n’ont aucun engouement pour travailler afin de faire bouger les dossiers. On crie qu’il n’y a pas de boulot ; ceux qui ont la chance d’en avoir déçoivent majoritairement les usagers et sont à la base du retard de développement du pays. Ainsi, les travailleurs (fonctionnaires ou contractuels) dans les administrations publiques et dans les structures privées doivent savoir qu’ils ont le devoir de loyauté d’exécuter dignement les tâches qui leur sont confiées. Car, le salaire qu’ils perçoivent chaque fin de mois ne doit pas être souillé par le Haram. Satisfaire l’usager est un devoir voire une obligation pour tous les travailleurs partout où ils se trouvent. L’émergence d’un pays ne pourra se faire sans les femmes et les hommes qui se donnent corps et âmes pour garantir l’avenir de leurs descendants.
B. KONE
LE FONDEMENT