Il y’a un an que feu SBM avait été mis sous mandat de dépôt
La famille explique : « Il écrivait un livre mais ses effets personnels sont confisqués pendant une semaine et une fois remis à la famille, elle ne retrouvera aucun des textes qu’il eût à écrire pendant son incarcération à la MCA et sa séquestration à la clinique »
Le 26 août 2021, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) est placé sous mandat de dépôt par la Cour Suprême du Mali dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Une affaire pour laquelle la Cour suprême avait condamné l’Etat du Mali en 2018 au paiement de 25 milliards de FCFA « représentant le solde du contrat le liant à la société Guo Star », selon le texte de la décision, qui le condamnait également à payer 600 millions de FCFA de dommages et intérêts à la société concernée.
La Chambre d’Instruction est présidée par le Juge Fatoma Théra, nommé Président de la Cour Suprême le 02 juin 2022 par le décret N°2022-0312/PT-RM.
SBM est placé à la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako, où il partagera une cellule avec plus de 80 co-détenus de droit commun. Plusieurs de ses proches – civils et militaires – expliquent que pendant des mois avant et jusqu’à la veille de sa convocation, ils l’avaient prévenu que sa sécurité était menacée et qu’il devait partir. D’ailleurs, la nuit du 24 mai 2021, sa résidence du Quartier du Fleuve est encerclée par 3 pick-ups et une trentaine d’hommes armés et cagoulés qui ont fait une descente musclée mais il est absent ce soir-là. Malgré ces nombreuses alertes, il décide de rester.
Il confie à son entourage que si la justice de son pays a besoin de lui, il ira répondre car il souhaitait défendre son honneur, il estimait n’avoir rien à se reprocher dans ce dossier, il ne voulait pas léguer cela comme héritage à ses enfants et ses petits enfants, et enfin, il considérait qu’il serait le premier à sortir la tête haute quand la vérité sur cette affaire éclaterait. Il décrivait ce dossier de « serpent de mer » et il s’attendait au procès du siècle, un procès ouvert à tous pour que lui aussi puisse expliquer sa part de vérité une bonne fois pour toute. Les lendemains de son arrestation, il disait aux siens de rester digne et courageux et que “l’homme est l’enfant de l’obstacle.”
Il est écouté pour la première fois le 25 novembre 2021 – soit 3 mois après son incarcération, à un moment où son état de santé s’était déjà fortement dégradé. Plusieurs demandes de changement de lieu de détention ont été faites par ses avocats et sa famille – tout d’abord pour sa sécurité vu les postes qu’il a occupé (dont Directeur de la DGSE et Ministre de la Défense) se retrouvant ainsi avec des personnes que lui même à eu à faire arrêter (dont des présumés djihadistes) dans sa mission pour le Mali, pour préserver sa santé vu son âge et parceque c’était une première au Mali pour un homme de son rang .Ces demandes sont restées sans réponses.
Il est écouté une deuxième et dernière fois deux semaines plus tard, avant d’être transféré vers la Clinique Pasteur de Bamako le 15 décembre 2021. Après quelques jours, les médecins se prononcent en indiquant que son pronostic vital est engagé à court terme et qu’il fallait une évacuation d’urgence. Chaque jour comptait.
Une contre expertise médicale faite par l’Etat en mi-janvier aboutit à la même conclusion.
Il restera quasi-isolé dans sa chambre de la Clinique Pasteur en attendant une suite des nombreuses demandes d’évacuation pendant 3 mois et 6 jours, où il sera privé de son droit à des soins adéquats et se verra éventuellement interdit de visite de ses avocats et de sa famille.
Suite au décès, son corps pris en otage sera remis à sa famille après 24h sur demande d’une signature de la famille par le Procureur Général Mamoudou Timbo d’un document dans lequel elle « renonce » à l’autopsie.
Il écrivait un livre mais ses effets personnels sont confisqués pendant une semaine et une fois remis à la famille, elle ne retrouvera aucun des textes qu’il eût à écrire pendant son incarcération à la MCA et sa séquestration à la clinique.