Prorogation de la transition : Les maliens subiront-ils d’autres sanctions ?

Prorogation de la transition : Les maliens subiront-ils d’autres sanctions ?

Dans un communiqué numéro 060, le gouvernement de la transition annonce le report des élections sans préciser une autre date. Les arguments avancés par le gouvernement de la transition à travers le communiqué signé par le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga, non pas convaincus plusieurs partis politiques, et les citoyens lambda.

 Les arguments annoncés par le gouvernement concernant le report des élections présidentielles sont entre autres : la prise en compte de nouvelles dispositions constitutionnelles dans la loi électorale, en particulier l’augmentation du délais entre les 2 tours des élections présidentielles ; la prise en compte par l’AIGE des résultats de la révision annuelle des listes électorales (1er Octobre au 31 Décembre 2023) dans le fichier électoral à partir de Janvier 2024, seul moyen d’assurer une large participation des maliens aux prochaines élections ; la gestion de la « prise en otage » de la Base de données du Recensement Administratif à Vocation d’état civil (RAVEC) par le prestataire IDEMIA, une société française.

En effet, le Mali est dans la transition politique depuis le 18 août 2020 suite au renversement du régime de feu IBK par les militaires putschistes. Ces derniers dans leur premier communiqué lu à la télévision nationale ont argumenté leur acte, qui est un crime imprescriptible selon la Constitution de 25 février 1992, par la grande insécurité. Ils ont dit devant le peuple malien qu’ils ne sont pas là pour le pouvoir et qu’ils vont faire une transition courte pour le retour à l’ordre constitutionnel. De ce fait, les 18 mois de transition ont été accordés. Malheureusement ces 18 mois se sont  écoulés sans que rien ne se fasse concrètement pour le retour à l’ordre constitutionnel. A travers les assises nationales inclusives, les autorités de la transition se sont accordés encore 24 mois soit 3 ans et 4 mois de transition. Les maliens ont subi une lourde conséquence à travers les sanctions économiques de l’UEMOA et de la CEDEAO. Comme cela ne suffit pas, les autorités de la transition sous la houlette du Colonel Assimi Goita vient de décider unilatéralement de prolonger encore la transition. Si d’aucuns estiment que ces raisons sont valables, d’autres jugent non convaincants et demandent aux autorités de respecter le délai pour éviter au pays d’autre situation chaotique. Car, il faut le dire les maliens souffrent depuis l’avènement de la transition. Un pays démocratique dans une transition à cause d’un coup d’État militaire est une asphyxie. Et il serait difficile qu’il se développe.

Les réactions de certains citoyens lambda

« Je serai d’accord pour la prolongation de la transition si les autorités avaient pu améliorer la sécurité au centre et au nord du pays. En réalité, personne ne possède une baguette magique pour finir avec la crise. Alors, il vaut mieux qu’ils organisent les élections pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel. Avec le nouveau président qui va être démocratiquement élu, les militaires doivent jouer leur rôle en luttant contre le terrorisme. C’est une profession qu’ils ont choisi et à laquelle ils ont prêté serment. Alors, il leur revient de jouer et remplir leur part de contrat avec leur pays. Ce coup d’État a beaucoup enseigné les maliens. Le pays est dans la difficulté et ce n’est pas un pouvoir militaire qui pourra le faire sortir de cette crise », nous exprime Yacouba Dramé, un enseignant fonctionnaire. « J’avais  confiance aux militaires notamment au colonel Assimi Goita mais actuellement j’ai des doutes sur leur sincérité. Je leur demande d’éviter de faire souffrir encore les maliens avec d’autres sanctions. Dans cette tendance, même si on leur donne 10 ans ils ne pourront jamais régler les problèmes du pays. Sinon les arguments qu’ils avancent pour décaler les élections ne tiennent pas la route. Alors ils ne doivent pas jouer avec leur crédibilité et le respect de leur parole. Comme feu ATT l’a dit : un sage est celui qui sait partir » déclare Ousmane Dembélé, un entrepreneur. « Aujourd’hui, la seule raison qui pourrait permettre le report des élections doit être l’insécurité grandissante partout dans le pays notamment au centre et au nord. Mais les arguments avancés par le gouvernement prouvent d’ailleurs son incompétence face à la situation. Nous leur demandons de faire tout pour trouver les moyens de faire les élections pour le retour à l’ordre constitutionnel. Sinon, trois ans dans la transition est largement suffisante s’il y a une bonne foi pour partir du pouvoir », énonce Mallé Aissata Mariko.

En tout cas, il revient aux autorités de la transition notamment au colonel Assimi Goita, président de la Transition pour le respect de leurs engagements et leurs paroles pour éviter au pays d’autres sanctions. Il faut le dire les maliens dans leur majorité souffrent. Et la transition est un moment qui est souvent un handicap du développement du pays. C’est seulement ses acteurs qui en profitent car ils disposent de tous les privilèges et  avantages du pouvoir normal.

B. KONE

Mali Actuel