Soutien à la transition : Quelles explications à la démotivation des maliens ?
En décembre 2021, les autorités de la transition via le ministre de l’Économie et des finances, Alousséni Sanou a fait savoir l’ouverture d’un compte pour les maliens de l’intérieur et ceux de l’extérieur qui veulent soutenir la transition financièrement. Presqu’une année, la somme dans ledit compte est estimée à 106 731 907 FCFA. Cette somme, on peut l’affirmer, prouve la réticence de la majorité des maliens à soutenir la transition. Car, les autorités de la transition n’ont pas fait le premier pas en montrant l’exemple concret et convaincre le peuple malien.
Le ministère de l’Économie et des finances, dans un communiqué, fait savoir le Solde du compte bancaire « SOUTIEN A LA TRANSITION » à la date du 29 septembre 2022. Il rappelle que le gouvernement du Mali a ouvert le compte bancaire numéro ML016 01201 02600 1398152-72 intitulé « Soutien à la Transition » dans les livres de la Banque pour le Développement du Mali (BDM-sa) à la demande des Maliens désireux d’apporter leur contribution financière aux actions du gouvernement de transition. « A la date du 29 septembre 2022, ledit compte affiche un solde de 106 731 907 FCFA et n’a encore fait l’objet d’aucun mouvement débiteur », précise-t-il. Avant de remercier tous les contributeurs pour leur élan de solidarité et leur engagement patriotique pour la réalisation des objectifs de la Transition.
Par ailleurs, si certains maliens trouvent que l’ouverture d’un compte pour le soutien à la transition est normal mais souhaitent que les autorités notamment le président et les membres du gouvernement montrent en premier l’exemple, d’autres par contre estiment que cette quête financière est un mauvais signal qui doit inquiéter.
Depuis le 18 août 2020 les militaires putschistes sont au pouvoir. Les raisons du coup d’État, qui selon la constitution du 25 février 1992, est un crime imprescriptible, étaient entre autres, l’insécurité grandissante, la cherté de la vie, les grognes sociales, la lutte contre la corruption. En effet, après deux ans au pouvoir les attentes sont loin d’être comblées pour le peuple malien. Beaucoup avaient cru à un nouveau Mali, bien sécurisé et stable économiquement et financièrement. Malheureusement, les autorités de la transition sous la présidence du Colonel Assimi Goita ne semblent pas convaincre par les actes la majorité du peuple malien. Car, ils ont tenu un double langage notamment sur la durée de la transition. Le Colonel Goïta avait fait le serment de respecter le délai imparti à la transition en organisant des élections transparentes et crédibles, mais cela n’a pas été le cas.
Certaines réactions
En effet, pour certains le colonel Assimi Goïta, le Premier ministre et les membres du gouvernement doivent d’abord montrer le bon exemple en renonçant ou en diminuant au moins leur salaire. Tout le monde sait que la transition est une période d’exception, et ses autorités doivent être des exemples sur tous les plans. Ils doivent faire beaucoup de sacrifices pour avoir l’admiration du peuple afin qu’il puisse à son tour apporter son soutien multiforme. Mais cela ne semble pas être le cas pour l’actuelle Transition. « Je ne crois pas trop à ces autorités de la transition. Pour moi, les autorités de la transition, du Président de la Transition, en passant par les membres du gouvernement et les membres du Conseil national de la transition, doivent diminuer de 50% leur salaire pour encourager le peuple malien à les soutenir. Elles doivent savoir qu’elles ont mis le peuple malien dans un calvaire, pendant sept mois, celui de la sanction de la Cedeao et l’Uemoa », nous confie, Adama Mariko un économiste. « La transition de 2012 nous a demandé l’effort de guerre et les autorités de l’époque nous avaient promis de nous faire le compte rendu sur la gestion de l’argent reçu mais malheureusement cela n’a pas été le cas. Et aujourd’hui le même scénario se présente. En réalité ce sera compliqué car il n’y a aucune confiance entre la majorité de la population et les autorités de la transition », indique Ousmane Dembélé. « Pour que cette transition ait le soutien comme il faut, je propose au Colonel Assimi Goïta d’aller au front avec tous les militaires putschistes. Qu’il regarde le cas de l’Éthiopie sinon rester sous les climatiseurs et véhicules dans la ville de Bamako ne motivent pas la majorité des maliens à les soutenir et aussi les troupes au front. Donc qu’ils montrent le bon exemple sinon depuis leur arrivée au pouvoir notre pays est en train de perdre beaucoup de localités sous le règne des terroristes », estime Mohamed Coulibaly, entrepreneur.
Par ailleurs, il reste à savoir si les autorités auront de bonnes idées pour montrer le bon exemple afin que les maliens leur emboitent le pas.
M.L. KONE