Transition à rallonge : Assimi sortira-t-il par la grande ou petite porte de l’histoire ?
Plus de deux décennies que le Mali traverse une crise multidimensionnelle. En 2012, les militaires putschistes ont renversé feu Amadou Toumani Touré, à peine trois mois de la fin de son deuxième quinquennat. Élu démocratiquement, feu IBK a fait de son mieux surtout pour l’armée en la dotant d’équipements mais hélas, la question sécuritaire est restée une épine sous ses pieds. Deux ans après sa réélection pour un deuxième mandat, il fut aussi renversé, le 20 août 2020, par certains militaires putschistes sous la houlette du Colonel Assimi Goita. Ces derniers avaient juré devant Dieu et le peuple malien pour le retour rapide du pays à l’ordre constitutionnel et de regagner les casernes. Les questions qui se posent alors sont les suivantes : En 04 ans de transition, quel est le bilan du Colonel Assimi Goita et ses acolytes ? Quel héritage comptent-ils laisser dans l’histoire du Mali ? Entreront-t-ils par la grande porte ou la petite porte de l’histoire ?
La gestion de la transition par Assimi Goïta est scrutée de près. Les attentes sont élevées : la population aspire à une amélioration des conditions de vie, à une justice sociale accrue et à une véritable démocratie. Les partenaires internationaux, quant à eux, demandent des garanties sur le respect des droits de l’homme et la tenue d’élections libres et transparentes. La pression est double dont l’interne et l’externe. Après, le référendum constitutionnel en juin 2022, les préparations des élections générales seront déterminantes pour l’avenir politique du Mali. De ce fait, les avis sur l’impact du Colonel Goïta sont partagés. Pour certains, il représente une figure capable de redresser le Mali, de rétablir l’ordre et de poser les bases d’un État plus juste et stable. Pour d’autres, ses méthodes et son maintien au pouvoir à travers des coups d’État successifs sont perçus comme un retour en arrière, une perpétuation de l’instabilité politique et de l’autoritarisme.
La transition perdure
Rappelons que de 18 mois accordés pour la transition, on en est à quatre ans et les militaires sont toujours au pouvoir et le pays est toujours confronté à des crises dont la crise énergétique qui fragile le citoyen ainsi que l’économie. Pendant ce temps, le président de la Transition, a initié un dialogue inter-maliens suite à la suspension de l’accord d’Alger. L’objectif visé était de trouver un train d’entente entre les maliens notamment les groupes armés au nord. Malheureusement, les participants de ce dialogue ont fait hors sujet avec certaines recommandations dont la prorogation du délai de la transition et l’élévation des Colonels putschistes au grade de Général. Portant cette transition n’a pas de baguette magique pour restaurer la sécurité à laquelle les maliens tiennent. Aujourd’hui, les maliens dans sa majorité souffrent car les activités sont aux arrêts et un pays dans une transition ne pourra jamais attirer de vrais investisseurs pour booster l’économie. Néanmoins, il reste à savoir si le Colonel Assimi Goita va tomber dans le panneau des opportunistes du pouvoir, en s’y accrochant.
Le soutien à la transition mitigé
Dans le sondage, on découvre que la majorité des personnes qui soutiennent la transition sont dans le regret aujourd’hui car les choses ne bougent pas comme il faut et pour d’autres c’est le contraire. Ceux-là demandent la patience aux maliens qui souffrent. « Leur slogan de Mali kura ou la refondation n’est qu’une manière pour endormir la conscience du peuple malien qui le croit. Aujourd’hui, rien ne va au Mali on ne sait même que faire. Ça ne va que chez les fonctionnaires, les contractuels qui sont à la charge de l’État parce qu’ils touchent leur salaire. Pourtant, ce nombre est insignifiant par rapport au nombre de maliens. Je suggère à Assimi d’organiser les élections présidentielles pour éviter au pays l’asphyxie », nous confie Alassane Sanogo, un entrepreneur. « Vraiment je trouve que la transition perdure. Pourtant une transition ne doit pas être longue dans un pays. Assimi devrait emboiter le pas à feu ATT pour être du bon côté de l’histoire. Vous voyez qu’ils sont la pendant 04 ans mais nous assistons à l’insécurité dans plusieurs endroits du pays notamment au centre et au nord, plusieurs villages sont sous eembargo des terroristes. Cela veut dire que ce n’est pas une question du tic au tac. Donc, mieux serait d’organiser les élections pour trouver un président élu démocratique et que l’armée continue avec sa mission régalienne », nous livre Dramane Traoré, un enseignant. « Je pense qu’il est temps que cette transition finisse. Et puis, que les autorités arrêtent de manipuler les gens en organisant les assises et le dialogue pour prolonger la transition. Certes, il y a des gens qui sont de vrais patriotes mais il faut le dire nombreux sont les opportunistes dans cette transition surtout certains membres du CNT qui prennent illégalement plus de deux millions de FCFA comme salaire. Ce n’est pas pour le Mali mais plutôt pour leur poche et ventre », nous déclare Djénèba Doumbia, une ménagère.
Vers quelle porte de l’histoire ?
L’issue de cette transition reste incertaine. Assimi Goïta se trouve à un carrefour historique : il peut soit entrer par la grande porte en réussissant à stabiliser le pays, en instaurant des réformes durables et en organisant des élections transparentes ; soit par la petite porte, si la transition échoue à répondre aux attentes et se traduit par une nouvelle ère de troubles et de répression. L’avenir du Colonel Goïta dans l’histoire du Mali dépendra de sa capacité à naviguer habilement entre les attentes légitimes de la population malienne et les exigences de la communauté internationale, tout en consolidant la sécurité et en posant les fondations d’une gouvernance démocratique et inclusive.
M.L. KONE