Lutte contre les MGF/E : La commune rurale de Kambila sur la voie de l’abandon
Grâce aux efforts de communication, en termes de sensibilisation et d’information contre les MGF/E, 156 villages de cette commune ont signé des conventions d’abandon de la pratique de l’excision
Consacré par les Nations Unies, comme Journée internationale, tolérance zéro contre les Mutilations génitales féminines/ excision (MGF/E), le 6 février est désormais célébré dans chaque pays, à travers le monde entier. Cette année, le Mali à l’instar de la Communauté internationale, n’a pas dérogé à la règle. Cette journée a, en effet, été commémorée dans la Commune rurale de Kambila. C’était sous le thème : « Partenariat entre les hommes et les femmes pour transformer les normes sociales, afin de mettre fin aux mutilations génitales féminines au Mali ».
Organisée par le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, avec l’appui financier de ses partenaires traditionnels, la journée a été présidée par le Secrétaire général du département de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, M. Sayon Doumbia.
En effet, la commémoration de cette journée est un cadre idéal pour célébrer les progrès de ces dernières années, mais aussi pour réfléchir sur les défis liés à l’éradication des MGF au Mali. C’est dans telle dynamique que les messages du chef de village et du maire de la commune rurale de Kambila ont été livrés. Chacun s’est réjoui du choix porté sur la localité pour abriter l’édition de cette année. Et de leurs côtés, ils se sont engagés, à s’impliquer pour l’abandon de la pratique des MGF/E.
Pour la représentante de l’ONU Femmes, répondant au nom du système des Nations Unies, Mme Marie Goreth Nizigama, les MGF constituent une violation des droits de la personne. Se faisant, chaque fille et femme a le droit d’être protégée contre cette pratique néfaste aux conséquences dévastatrices.
La représentante de l’ONU Femmes a aussi déploré que, malgré les efforts remarquables déployés pendant plus de 3 décennies par l’Etat et les différents intervenants dans le domaine de la promotion de l’abandon des MGF, les statistiques sur celles-ci sont interpellatrices, Ainsi, les données de l’UNICEF de 2022 révèlent qu’au Mali, 89 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans, ont été soumises à cette pratique. Ce qui fait que près de huit millions de filles et de femmes ont subi des MGF. Et moins d’une fille et d’une femme sur cinq au Mali pense que les MGF devraieent cesser. De même, l’opposition est encore plus faible chez les garçons et les hommes.
Le secrétaire général du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a d’abord fait savoir que le Mali est en phase avec ses engagements internationaux et régionaux relatifs aux droits de la femme et de l’enfant. En collaboration avec les partenaires au développement, notre pays a renforcé les actions sur les plans politique, institutionnel, juridique et stratégique pour une large information des populations sur les MGF/E et la prise en charge de leurs conséquences. Il s’agit, entre autres, de : l’existence de la Lettre circulaire N°0019/MSPA-SG du 16 janvier 1999 interdisant la pratique de l’excision dans les établissements sanitaires ; la création par Décret n° 99-157/PM-RM du 16 juin 1999 du Comité national d’action pour l’abandon des pratiques néfastes et ses démembrements ; la loi N°02-044 du 24 juin 2002 relative à la santé de la reproduction ; la célébration nationale de la Journée internationale du 06 février depuis 2004 ; l’adoption de la politique nationale pour l’abandon de la pratique de l’excision assortie de plans d’actions en 2010 ; la transformation du Programme national de lutte contre la pratique de l’excision en Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (PNVBG) par la loi N°2019-014 du 03 Juillet 2019 et la mise en place des Unités de prise en charge holistique des cas de VBG appelées « One Stop Center ».
S’y ajoute la mise en œuvre du Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l’abandon des MGF/E et du mariage des enfants et de la campagne de la CEDEAO pour la prise en charge des femmes et filles souffrant de la fistule obstétricale. Ce programme, une initiative Spotlight 2018-2022 contre les violences faites aux femmes et aux filles au Mali y compris les MGF/E, a permis de produire une série télévisée de 54 épisodes dénommée « Danse inlassable, ou don ni dongoma en bambara ». Aussi, la saison 2 de cette série télévisée est en cours de réalisation. Elle s’inscrit dans la dynamique de mobilisation sociale et de transformation culturelle contre les discriminations et violences que subissent les femmes et les filles dans les familles, les espaces publics, à l’école et au sein des communautés.
Elle constitue un outil efficace pour le dialogue et la sensibilisation nécessaires à la transformation des normes sociales et des pratiques culturelles qui légitiment, reproduisent et tolèrent la violence contre les femmes
Poursuivant, M Sayon Doumbia fera savoir « l’année 2022 a été particulièrement riche en activités d’information, de sensibilisation, de plaidoyer, de renforcement des capacités, de prise en charge des conséquences des MGF/E et de coordination des activités. Ces actions sur le terrain ont été réalisées par tous les intervenants étatiques et non étatiques avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers. Ces chiffres peuvent évoluer avec l’élaboration du rapport national 2022 sur les VBG » dit-il.
« Au regard de ces acquis, je reste convaincu que le partenariat entre les hommes et les femmes pour transformer les normes sociales, l’engagement et la mobilisation de tous les acteurs avec l’accompagnement des partenaires au développement, contribueront à donner un nouveau souffle aux initiatives locales de développement » à en croire, le représentant de Mme le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.
Envoyé spécial
Diakalia M Dembélé
22 SEPTEMBRE