Mali-Sénégal : Le grand Serigne de Dakar en visite chez le coordinateur de la Tribu des Idnanes de Tombouctou
Monsieur Hamma Ag Mohamed, Coordinateur de la Tribu des Idnanes de la Région de Tombouctou a reçu le Grand Serigne de Dakar le 14 Novembre dernier, en présence des éminents chefs Traditionnels du Nord et du Représentant du patriarche des familles fondatrices de Bamako.
Après les salutations d’usage, le Grand Amenockal de Kidal Monsieur Mohamed Ag Intalla a ouvert les débats. S’en est suivie l’intervention du Chef de la Tribu Kel Ansars Monsieur Nasser qui s’est réjoui de l’initiative de cette rencontre et qui a remercié le Grand Serigne pour sa disponibilité. Monsieur Hamma Ag Mohamed s’est dit très émerveillé d’accueillir, Son Altesse le Grand Serigne de Dakar qui est présent au Mali depuis une semaine dans le cadre de la journée du 11 novembre consacrée par les plus Hautes Autorités du Mali aux légitimités traditionnelles.
C’est avec un plaisir et un honneur pour nous en tant chefs traditionnels de recevoir Monsieur Papa Diagne, l’invité d’honneur de cette journée dont le thème est : “Place et rôle des légitimités traditionnelles dans la promotion de la paix, de la cohésion sociale et la Refondation de l’Etat”.
Dans son intervention, Monsieur Hamma Ag Mohamed a qualifié les chefs Traditionnels de socle de la nation malienne, car n’eussent été ces légitimités du nord, le Mali n’aurait pas existé dans sa composante actuelle.
Pour preuve, à la veille des indépendances, ce sont les chefs traditionnels du Nord qui se sont dressés, comme un seul home, pour dire non à la création d’un Etat au sud du Sahara. Ces chefs ont tenu un seul langage au Général De Gaule à savoir: » Vous nous avez trouvé avec nos frères du sud, vous irez nous laisser cheminer avec eux ». En 2012, ce sont également les mêmes chefs traditionnels qui se sont opposés à l’éclatement du Mali.
Mais malheureusement aucune reconnaissance à hauteur de souhait ne leur été décernée. Selon toujours Monsieur Ag Mohamed, ce sont également eux les chefs traditionnels, à travers sa modeste personne, qui ont piloté la reprise des services de base d’eau et d’électricité à Kidal en 2017 et qui ont posé comme condition sine qua non l’installation du symbole de l’Etat dans la ville de Kidal, notamment le Gouverneur de la Région qui était encore installé à Gao.
Ce retour de l’Etat, depuis son retrait en 2014 suite aux avengement’s tragiques des 17 et 21 mai 2014, a été possible grâce à l’appui de certains partenaires techniques et grâce à la CMA qui a assuré le volet sécurité.
L’Amenokal de Kidal Mohamed Ag Intalla a fait l’étalage de l’histoire de la chefferie traditionnelle émaillée par les différentes crises.
Le Serigne a commencé son allocution par remercier les chefs traditionnels du Mali. Il a affirmé que son objectif est de faire de telle sorte que les chefs traditionnels puissent jouer leur rôle dans la diplomatie coutumière au Mali et en Afrique autrement dit un cadre de large concertation tout en revoyant la nomenclature des chefferies traditionnelles dans la Constitution malienne. Selon ses dires, depuis 5 ans nous sommes en train de travailler sur ce projet.
Il a remercié l’Etat malien pour avoir donné ce que les chefs réclamaient, mais il faut mettre le contenu, et c’est aux chefs de faire cela.
Il a terminé ses propos, en disant que “nous sommes dans une République et que la République a ses règles”.
Le représentant des Niaré, Bandiougou Niakaté, a remercié l’organisateur de cette rencontre et rappelé qu’on est interdépendant et que les Etats ont leurs limites. La stratégie politique a consisté à nous mettre dos à dos pour nous diviser et nous fragiliser davantage.
Beaucoup ne veulent pas aujourd’hui que les chefs se retrouvent. On nous a tendu une perche et il faut saisir l’occasion, la première édition a été une réussite, mais il faut continuer et mettre en place quelque chose de concret avant la fin de la transition. Tous les chefs présents ont réaffirmé qu’on doit aller vers l’institutionnalisation des chefferies traditionnelles au Mali.
Le ministre Agatham Ag Alhassane chef de fraction et répondant au nom de la Tribu des Chamanamasses pense qu’on doit aller sur le terrain et sortir des multiples foras, il faut délocaliser les activités des chefferies et il faut que les chefs soient mandatés pour régler des problèmes. Il s’agit là des contenus qu’on doit mettre dans la Constitution dans un esprit de dialoguer et à rassurer l’Etat.
Tous les chefs ont remercié le Colonel Assimi pour avoir restauré le rôle des légitimités dans la chaîne de gouvernance. Il faut qu’on soit solidaires, unis entre nous” a dit le chef du Conseil supérieur des Imit”ichas Monsieur Hassan Ag Mehdi. “Il faut que les Chefs Traditionnels retrouvent toute la place qui leur est due dans le dispositif protocolaire” a t-il ajouté.
Il faut, selon lui, que les légitimités traditionnelles se mobilisent et mobilisent leurs populations.
Les chefs traditionnels doivent être concertés en tout temps pour régler les questions d’intérêt national, selon le chef de la Tribu Imididaghanes Monsieur Akli Iknanane Ag Souleymane. Le chef de la Tribu Kel Egheress et le représentant de la Tribu TinDjeredjef ont tous appelé à l’union sacrée des chefs traditionnels.
Le vice- coordinateur de la Tribu Idnanes de Gao, Monsieur Ghat Ag Bayes a demandé un engagement fort des chefs traditionnels pour arrêter les exactions menées sur les populations civiles dans les régions de Gao et Menaka par les terroristes de l’EIGS. Il a demandé à l’Etat malien de jouer son rôle régalien de sécurisation des populations.
Le chef de village Arouane Monsieur Sidi Ali Ould Soultane a exhorté les Chefs Traditionnels à plus de visibilité sur le terrain et à être beaucoup proches de la population pour recueillir leurs préoccupations et trouver une solution à leurs problèmes.
22 SEPTEMBRE