2ème Conférence pour la Sécurité internationale à Moscou : Les vérités du Colonel Sadio Camara
‘’ Notre sous-région vit aujourd’hui sous une forte pression sécuritaire’’, dixit du ministre de la Défense et des Anciens Combattants
Sur invitation du ministre de la Défense de la Fédération de Russie, M. Sergei SHOIGOU, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Sadio Camara a pris part à 2ème Conférence pour la Sécurité internationale à Moscou.
Prenant la parole pour la circonstance, le colonel Sadio Camara a, au nom du Gouvernement du Mali, remercié le Gouvernement et le Peuple russes pour l’accueil chaleureux qui a été réservé à la délégation malienne, et pour l’occasion qui m’est donnée ici, de présenter la vision du Gouvernement malien sur les enjeux stratégiques de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
A en croire le ministre de la Défense, ‘’notre sous-région vit aujourd’hui sous une forte pression sécuritaire, liée à l’expansion des groupes terroristes, à la criminalité transnationale organisée, et aux tentations sécessionnistes de certains groupes, sur fonds de crises de coexistence communautaire. Cette situation constitue un frein à l’émergence économique des pays concernés, car on le sait bien, il ne peut y avoir de développement sans sécurité’’.
Il a profité de l’audience pour présenter une analyse des facteurs stratégiques majeurs qui affectent la sécurité de la région, avant d’illustrer cette analyse avec la situation particulière du Mali.
La sous-région ouest-africaine et sahélienne est confrontée à de grands défis qui s’entremêlent et se développent sur trois dimensions : internationale, régionale et locale. Sur le plan international, poursuit le ministre de la Défense, ‘’notre sous-région subit négativement les effets des incertitudes liées à la mutation en cours de l’ordre international, qui résulte du constat de la défaillance, voire de l’échec du système de gouvernance mondiale, issu de la deuxième guerre mondiale et réadapté après la fin de la guerre froide. Les rapports de force qui ont permis la consolidation de cet ordre apparaissent aujourd’hui dépassés’’.
‘’En réaction à cette perte relative d’influence sur la scène globale, nous constatons la volonté de certaines grandes puissances de reconstituer une architecture géopolitique en blocs homogènes, schéma qui leur est certainement plus familier et plus rassurant’’, indique le ministre Camara.
Dans ce contexte géopolitique mondial marqué par la montée des tensions, l’un des premiers défis pour les pays d’Afrique est de préserver une certaine autonomie et résister à la forte pression qui veut les forcer à choisir un camp et s’aligner derrière un protagoniste. Malheureusement, les signes de la division et de la polarisation sont déjà bien visibles, et le rêve d’unité africaine des pères de l’indépendance est désormais un bien lointain souvenir, regrette le ministre de la défense.
‘’Les dynamiques régionales en Afrique sont très sensibles aux évolutions du contexte international, alors que les pays africains n’ont que peu de capacité d’influer sur les grandes décisions. L’instrumentalisation, voire la manipulation des Institutions sous-régionales pour servir les intérêts de puissances extrarégionales constituent un défi stratégique majeur pour la construction de l’unité africaine. Les Institutions africaines de gouvernance régionale sont alourdies par l’imposition de systèmes politiques importés, calqués sans effort d’adaptation à la culture, aux réalités et aux besoins des populations. Elles cherchent donc bien souvent à s’attirer la sympathie des grandes puissances au lieu de dépenser leurs ressources pour la préservation des intérêts des peuples africains.
Le Mali est bien placé pour dénoncer ces pratiques, car notre pays sort à peine d’un régime de sanctions injustes, illégales, illégitimes et inhumaines imposées par les Chefs d’État de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Tous les peuples de la Communauté ont souffert de ces sanctions qui ne servaient que des agendas étrangers’’, a clamé le ministre de la défense.
A ses dires ‘’Nous assistons donc à une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, marquée par l’incohérence entre les politiques publiques et les aspirations des populations, dans un contexte de reproduction des rivalités par procuration. L’Afrique redevient, malgré elle, un terrain d’affrontement’’.
Dans un environnement sécuritaire complexe et volatile marqué par des insurrections fréquentes et la montée du terrorisme, cette crise de confiance est accentuée par la défaillance des instruments et mécanismes de sécurité collective. L’architecture paix et sécurité.
Brehima DIALLO
22 SEPTEMBRE